Depuis le 22 avril dernier, de nombreux observateurs de la vie politique martiniquaise s’interrogent, à raison, sur le niveau de la mobilisation (jugée très perfectible) des partis politiques martiniquais avant le premier tour de l’élection présidentielle.
Je voudrais vous soumettre ci-après mon interprétation de cette situation.
1. Les formations politiques martiniquaises ne sont pas porteuses de vision pour la Martinique à moyen long terme ou si elles le sont, elles ne la communiquent pas ou leur communication est très perfectible ;
2. Faute de vision pour la Martinique, les formations politiques martiniquaises n’ont pas contribué au programme des candidats qu’elles ont soutenu au 1er tour ou qu’elles soutiennent pour le 2ème tour ;
3. Faute de vision pour la Martinique, en l’absence de contribution au programme de leur favori, les formations politiques martiniquaises ne se sont pas mises en position de négocier leur soutien à un candidat à l’élection présidentielle en échange de la création par ce candidat, s’il était élu, des conditions favorables à la mise en œuvre de leur vision.
4. Les formations politiques martiniquaises, faute de vision pour la Martinique, ont dû se contenter d’un soutien timide au candidat qu’elles ont choisi.
Pour les formations politiques prenant part à la campagne présidentielle :
Absence de vision pour la Martinique -> absence de contribution -> absence de négociation -> absence d’implication et de mobilisation
Quelles ont été les contributions des formations politiques martiniquaises au programme du candidat qu’elles ont supporté ou qu’elles supportent ?
Qu’ont négocié, pour la Martinique, nos élus et les partis politiques avec les candidats à l’élection présidentielle?
Y-a-t’ il eu négociation ? Je me risque à penser que du côté de fédération socialiste, du MODEM et de l’UMP, il n’a pas été question de négocier sinon de « faire avec » un choix sur lequel les militants locaux n’ont eu que peu (FSM) ou pas du tout d’influence (UMP, MODEM).
Les formations politiques nées en Martinique (PPM, PCM, Bâtir le Pays Martinique, Vivre à Schoelcher, Osons Oser, RDM…) ont-elles contribué au programme de leur favori ? Ont-elles négocié leur soutien à leur favori ?
Quelle a été la contribution du PPM, de Bâtir le Pays Martinique, des autres partis d’Ensemble Pour une Martinique Nouvelle et du RDM au programme de François HOLLANDE pour la Martinique, pour l’outre- mer, pour la France ? Nous n’en savons rien.
Qu’a négocié Serge LETCHIMY avec François HOLLANDE ? Nous n’en savons rien. Le PPM n’a rien demandé si on se réfère à la « Lettre aux Martiniquais » de Serge LETCHIMY : « Oui, François Hollande le sait, nous ne sommes ni dans la demande, ni dans la quémande,… » (http://www.facebook.com/note.php?note_id=10150687078241645) ou à son discours du 15 janvier 2012 au Grand Carbet où il déclarait, en présence de François Hollande, « Nous progressistes, nous ne demandons rien, nous ne quémandons rien » (http://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/politique/je-vous-propose-un-contrat-16-01-2012-140788.php)
Qu’ont négocié Philippe PETIT du MLP, Pierre PETIT et Jenny DULYS d’Osons Oser pour soutenir Nicolas SARKOSY ? Nous n’en savons rien. Ils ont manifestement choisi Nicolas SARKOSY comme un électeur choisit le candidat pour qui il votera.
Quelle a été la contribution du PCM au programme de Jean-Luc MELECHON ?
Qu’a négocié le Parti Communiste pour la Martinique en échange de son soutien à Jean-Luc MELENCHON ? Nous n’en savons rien.
Sur la base de quelle vision de la Martinique à 5 ans ? Sur quelle vision de la France et sur quelle vision des relations entre la France et la Martinique, les formations politiques martiniquaises ont-elles contribué au programme des prétendants à la plus haute fonction du pouvoir exécutif de la République française ? Nous n’en savons rien.
Ma perception est que l’absence de vision globale de la Martinique, au moins à 5 ans, n’a pas autorisé les partis politiques martiniquais qui participent à l’élection présidentielle à négocier leur soutien aux différents candidats du premier tour.
Je pense que s’ils l’avaient fait, ils se seraient mobilisés plus que ce qu’ils ont montré ces dernières semaines.
Nous avons constaté des soutiens qui s’apparentent plus à des choix d’électeurs qu’à des choix de responsables de formations politiques porteuses d’un projet de société pour la Martinique.
Pouvons-nous espérer qu’à l’occasion des prochaines élections, législatives de juin 2012, de la collectivité unique de 2014, les formations politiques nous en disent un peu plus sur la vision qu’ils ont de la Martinique pour les 5 années à venir ?
A bientôt,
Schoelcher, le 25 avril 2012