Le 3 décembre dernier, le comité de pilotage du Plan d’Actions pour le Développement de la Martinique entérinait sa dénomination de « Martinique solide ». http://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/politique/en-route-pour-une-martinique-solide-184393.php

Je salue la volonté de dénommer ce P.A.D.M. et de donner un sens à l’initiative.

faut reconnaître que « Martinique Solide » est un titre imagé qui donne un sens, une direction, une signification à l’initiative. C’est plus significatif que P.A.D.M., S.M.D.E. ou encore Agenda 21.

Solide ou fluide ?

Au risque de répéter un lieu commun, nous sommes rentrés, depuis une vingtaine d’années, dans une ère de mutations rapides et profondes.

Et ce flux de changements profonds ne devrait diminuer ni en vitesse ni en intensité.

Si on se réfère à la pensée de Joël De ROSNAY (www.surferlavie.com), nous vivons depuis plusieurs décennies dans la société de la fluidité « non plus fondée seulement sur des rapports de force mais sur des rapports de flux, non plus guidée par l’individualisme exacerbé ou sur la logique de l’affrontement mais sur la nécessaire solidarité. »

Nous devrions plus nous imaginer comme des surfeurs capables d’anticiper les vagues, exercés à tirer profit de leur puissance avec agilité, aptes à nous adapter à l’imprévu plutôt que comme des blocs de matière solide, statiques, immobiles.

Renommer le P.A.D.M. pour nous l’approprier

La dénomination d’une initiative qui se veut partagée ne relève pas du détail, du superflu.

La dénomination partagée est première dans le processus d’appropriation de l’initiative par le plus grand nombre.

Pourquoi ne pourrions-nous pas, si le partage avec le plus grand nombre de Martiniquais est affiché comme un des piliers de l’initiative, renoncer à la dénomination « Martinique solide » et mettre en débat une nouvelle dénomination du P.A.D.M. ? Dans cet état d’esprit participatif, je proposerais « Dynamique Martinique », « Martinique Flo » (en référence au bwa flo, notre surf martiniquais) ou « Martinique Fluide ».

La 3ème révolution industrielle

En tant que citoyen martiniquais, en tant que contributeur, je me permets de suggérer au comité de pilotage du P.A.D.M. de s’intéresser, si ce n’est déjà fait, à une initiative fort inspirante : la préparation de la 3ème révolution industrielle par la Région Nord Pas-de-Calais sous l’égide de Jeremy RIFKIN

http://www.latroisiemerevolutionindustrielleennordpasdecalais.fr/

Bien sûr, nous saurons être vigilants. Nos aînés nous ont enseigné à éviter les pièges de la paresse et de l’inefficacité du simple « copier-coller ». « S’inspirer de » n’est pas imiter.

Jeremy RIFKIN, économiste, est l’auteur, entre autres livres, de « la troisième révolution industrielle ». Il y décrit les mutations en cours de l’économie et propose les bases d’une croissance durable tout au long du XXIe siècle.

Il démontre qu’après l’alliance de la vapeur et de l’imprimerie au XIXe siècle, et celle du moteur à explosion et de la télétransmission au XXe siècle, la troisième révolution industrielle, basée sur la combinaison des énergies renouvelables et de la communication en réseaux dématérialisés, a débuté.

La Chambre de commerce et d’industrie de la région Nord de France et le Conseil régional Nord-Pas de Calais ont confié à Jeremy RIFKIN l’élaboration, dans une logique participative, d’une feuille de route engageant cette région vers la transition énergétique.

Cette démarche prospective fait du Nord-Pas de Calais une région active en matière de transition énergétique et de développement d’une économie post-carbone.

Cette initiative est porteuse de nombreuses potentialités, notamment en matière de créations d’emploi, de développement économique et de nouvelle cohérence économique.

L’empathie

Outre la convergence des énergies renouvelables et des technologies de l’information, la 3ème révolution industrielle s’appuie aussi sur un développement de l’empathie, cette capacité à se mettre à la place de l’autre pour pouvoir vivre et ressentir ce qu’il vit et ressent.

L’empathie, selon Jeremy RIFKIN, est consubstantielle de la nature humaine.

Les découvertes de la biogénétique, depuis quinze ans, montrent que la capacité – innée – des êtres humains à ressentir de l’empathie les uns pour les autres est au moins aussi forte que leur agressivité.

Cette capacité d’empathie devient cruciale au niveau mondial alors que nous devenons de plus en plus nombreux à partager une biosphère qui n’est pas extensible.

Cette capacité d’empathie devient incontournable à l’échelle martiniquaise, quand nous posons la nécessité de faire peuple.

Orienter la Martinique vers une société de flux où chacun a son mot à dire, où chacun apporte quelque chose à l’autre, faire passer la Martinique d’une société pyramidale et rigide à un espace d’écoute, de considération et de contribution du plus grand nombre , voilà des objectifs qui pourraient être assignés au P.P.A.D.M (le Plan Partagé d’Actions pour le Développement de la Martinique).

Olivier Ernest JEAN-MARIE – Citoyen martiniquais – Schoelcher, le 26 mai 2013.