Depuis une quinzaine d’années le concept de démocratie participative est en vogue et de nombreux acteurs politiques et sociaux le reprennent dans le monde, en France et en Martinique
1. La démocratie participative
Bien que cette expression soit galvaudée, on peut penser que les principes invoqués dans les projets participatifs s’articulent autour de 4 axes :
1. La proximité : c’est l’idée que la gestion publique est plus efficace lorsqu’elle s’effectue au plus proche des usagers,
2. La démocratisation des décisions techniques : face à la complexité croissante des sociétés modernes, il devient nécessaire d’intégrer les savoirs d’usagers et d’experts,
3. La gouvernance en réseau : les méthodes de gouvernement autocratiques (1 seule personne décide de tout) apparaissent progressivement inadéquates et l’implication des citoyens non élus est recherchée,
4. La délibération : la démocratie pour gagner en efficacité et en légitimité doit être plus délibérative. Une décision politique est légitime lorsqu’elle procède de la délibération publique de citoyens égaux.
La Martinique n’est pas restée isolée de cette vague participative. Les initiatives des municipalités de Fort-de-France, de Saint-Anne, du Prêcheur ou de Schoelcher au cours de la première décennie du XXI ème siècle, pour ne citer que celles-là, le démontrent.
L’affichage d’une volonté de s’appuyer sur une large concertation lors de l’élaboration et de la mise en œuvre de l’Agenda 21 (Conseil Général – 2005), du Schéma Martiniquais De Développement Economique (Conseil Régional – 2005) et du Plan d’Actions pour le Développement de la Martinique (Conseil Régional – 2013 ?) ne s’est pas traduit, dans les faits, par une participation massive des citoyens.
Outre la responsabilité des citoyens martiniquais dans le choix de déserter l’espace politique -responsabilité qui ne doit pas être minorée – il faut constater que les pratiques politiques sont encore en retard sur les discours. Les élus, les partis politiques n’ont pas démontré de réelle volonté d’associer la population à la conception et à la mise en œuvre de ces projets. Espérons que le PADM annoncé par la Région saura infléchir cette trajectoire.
Cependant, l’absence de soutien des élus de la majorité régionale (Ensemble Pour Une Martinique Nouvelle) et de l’ensemble de la classe politique martiniquaise au projet de réforme de François HOLLANDE visant à interdire le cumul d’un mandat exécutif et d’un mandat parlementaire (version minimaliste du non-cumul des mandats) pourrait nous indiquer qu’il ne faudrait pas attendre de miracle.
2. Démocratie participative et cumuls des mandats
Pourquoi ? Quel lien entre démocratie participative et cumul des mandats ?
Comment des hommes et des femmes qui ne partagent pas de responsabilités avec leurs co-équipiers, sauf lorsqu’ils sont contraints par la loi, pourraient réellement partager des décisions avec des citoyens non-élus ?
Pour un maire, le premier acte en faveur de la démocratie participative est de partager largement les responsabilités, les mandats et fonctions avec son équipe.
Combien de maires en Martinique ont renoncé, sans être contraints par les dispositions limitant le cumul des mandats, à être conseiller général ou conseiller régional ?
Toutes les explications avancées, en faveur du cumul, par les élus qui cumulent, masquent dans les faits une incapacité à travailler en équipe. Une incapacité à faire confiance à un(e) autre pour travailler, en équipe, au bien commun du territoire qu’il représente.
Notons que cette incapacité de travailler en équipe, de jouer collectif ne se constate pas seulement dans le monde politique.
L’ « EGOlogie » martiniquaise s’exprime aussi largement dans le monde associatif, dans l’univers sportif et la sphère syndicale. Les derniers développements du dossier de l’indemnisation des marins-pêcheurs suite à la pollution par la chlordécone nous le confirment.
Schoelcher, le 20 janvier 2013
Olivier Ernest JEAN-MARIE
Citoyen martiniquais