Lors de notre atelier participatif du 20 juin au Téyat Otonom Mawon, à Fort-de-France, nous avons expérimenté le vote au jugement majoritaire.
Qu’est ce que le Jugement Majoritaire
Voter, malheureusement pour le partisan de la participation citoyenne que je suis, est aujourd’hui l’acte démocratique décisif.
Le scrutin majoritaire à deux tours souvent utilisé présente un défaut majeur : un candidat pouvant recueillir l’assentiment majoritaire peut-être éliminé au premier tour comme l’illustre le 21 mai 2002. Lionel Jospin, donné vainqueur du second tour par les sondages, est éliminé au premier. Jean-Marie Le Pen, pourtant rejeté par 80% des Français, est au second tour de l’élection présidentielle.
Par ailleurs, pour conjurer le risque d’élimination du « meilleur » candidat de second tour, l’électeur peut amener à « voter utile », donc ne pas s’exprimer honnêtement et ainsi fausser le résultat. Benoit HAMON, lors de l’élection présidentielle française de 2017 a fait les frais des cette redirection de votes utiles vers les candidats Macron et Mélenchon.
Le scrutin majoritaire à deux tours présente par ailleurs un caractère fruste, car binaire : l’électeur vote pour un candidat mais on ne sait rien de son avis sur les autres, de la hiérarchie dans laquelle il les place. Le scrutin ignore toute évaluation qualitative : l’électeur fait un choix comparatif, mais le vote ne dit rien de son jugement intrinsèque sur le candidat retenu – adhésion massive ou résignation pour le « moins pire » ?
Le « jugement majoritaire » se déroule sur un seul tour. Il demande à l’électeur d’évaluer les mérites de chacun des candidats (au lieu d’en désigner un seul), dans le cadre d’une échelle de mentions : Très bien, Bien, Assez bien, Passable, Insuffisant, à Rejeter (au lieu d’un vote binaire). Chaque candidat obtient ainsi une « mention majoritaire » : celle qui réunit plus de 50% d’opinions égales ou supérieures à cette mention. Le vainqueur est celui qui a la meilleure mention majoritaire.
Lors de notre atelier participatif ce jeudi 20 juin nous avons expérimenté ce vote au jugement majoritaire.
Pour résoudre les dysfonctionnements de notre démocratie, nous avons proposé les 20 mesures suivantes :
Nous avons ensuite voté au scrutin majoritaire pour choisir 1 proposition. A chaque participant, il a été demandé d’inscrire sur un bulletin de vote le numéro de la proposition qui lui paraissait prioritaire. 13 personnes ont pris part au vote. Voici les résultats de ce vote au scrutin majoritaire :
Pour des raisons de timing, nous n’avons pas réalisé de 2ème tour au scrutin majoritaire.
Ensuite les participants ont évalué ces 20 propositions au jugement majoritaire sur une échelle graduée par les mentions Très bien, Bien, Assez bien, Passable, Insuffisant, à Rejeter.
Voici les résultats des ce vote au jugement majoritaire.
Les résultats de ce vote au jugement majoritaire furent chargés d’enseignements :
La proposition n°11 qui n’avait été choisie par aucun des participants comme prioritaire au scrutin majoritaire est arrivée en tête au jugement majoritaire. C’est cette proposition qui a été le mieux évaluée par la majorité des votants.
La proposition 12 qui était arrivée en tête (ex-aequo avec d’autres propositions) au scrutin majoritaire est arrivée en dernière position au Jugement Majoritaire. C’est la proposition qui a été rejetée par une majorité de votants.
Cette expérience, à petite échelle, a confirmé que la mécanique et les principes du mode de scrutin retenus ont un impact sur les résultats des élections qui sont souvent interprétés comme l’expression d’une vérité biblique.
Nous n’en sommes qu’au tout début de l’expérimentation de ce mode de décision collectif lumineux qu’est le Jugement Majoritaire. Nous reproduirons d’autres ateliers participatifs dans les mois à venir pour faire progresser nos pratiques collectives.
Merci aux premiers participants de cet atelier du 20 juin, Merci à l’équipe du T.O.M. pour sa disponibilité, merci de votre attention. A bientôt,
Olivier Ernest JEAN-MARIE