Afin de définir pour la Martinique, un projet partagé avec ses habitants, pour construire ensemble notre plus bel espoir, pour nous inscrire dans une dynamique collective, il nous semble aujourd’hui nécessaire d’adopter d’autres comportements et de se référer à de nouvelles valeurs en matière de pratique du pouvoir.
En Martinique, au regard des discours et des pratiques du personnel politique au cours des trente dernières années, la fracture la plus profonde n’est pas celle qui sépare la droite de la gauche, les départementalistes des indépendantistes.
L’immense fossé que nous devons combler aujourd’hui est celui qui isole les représentants des représentés.
Dans notre démocratie de Martinique, comme dans de nombreux territoires démocratiques, le défi majeur que nous devons relever est de réconcilier les citoyen-ne-s avec la Politique, en inventant une nouvelle culture politique pour redonner du sens aux discours et aux pratiques, en favorisant l’émergence d’un projet vraiment partagé.
I. Une nouvelle culture politique pour faire émerger la parole des citoyen-ne-s
A quelques mois de l’élection de la Collectivité Territoriale de Martinique, alors que la qualité du débat démocratique se dégrade, renouveler les pratiques politiques qui ont conduit à la confiscation de la démocratie par certains politiciens professionnels est devenu vital.
Cette nouvelle culture politique s’appuie sur
1. Des citoyen-ne-s
• Qui, affranchi-e-s des peurs concernant leur actualité et leur avenir, s’intéressent au monde qui les entoure,
• Qui donnent un autre sens à leur vote, qui adoptent un nouveau comportement électoral, qui délaissent la logique du pari sur le favori, qui s’émancipent de l’influence familiale, qui oublient le réflexe clientéliste utilitariste pour s’attacher à choisir des équipes qui incarnent des dynamiques collectives partagées,
• Qui deviennent plus conscient-e-s de leur pouvoir dans une démocratie,
• Qui acceptent de « bouger », de changer de points de vue, de faire évoluer leurs idées et de s’investir personnellement dans la recherche de solutions partagées,
• Qui pratiquent à la fois, la liberté de propos, la bienveillance, l’écoute, le respect d’autrui, la confrontation constructive d’idées, l’égalité de tous dans la recherche de solutions partagées.
2. Des élus
• Qui privilégient l’intérêt général à leur longévité dans le paysage politique. La construction du bien commun prend alors le pas sur le carriérisme politicien, l’altruisme se substitue aux ambitions,
• Qui préparent leur succession dès leur prise de fonction,
• Qui tout au long de leur parcours politique, apprennent et pratiquent le partage du pouvoir et la construction de compromis dynamiques,
• Qui privilégient l’émergence de la parole des citoyen-ne-s pour construire un projet partagé,
• Qui adoptent une éthique du débat en délaissant les sentiers battus de l’affrontement systématique de personnes,
• Qui intègrent les « petits » élus au processus décisionnel,
• Qui n’attendent pas que la loi les y contraigne pour partager les responsabilités, les fonctions et les mandats avec leurs proches collaborateurs,
• Qui sont convaincus de la capacité du citoyen à contribuer à l’élaboration des politiques publiques,
• Qui partagent l’intérêt de l’implication de l’électeur dans les décisions qui le concernent,
• Qui posent la qualité de la vie démocratique en valeur cardinale,
• Qui se donnent régulièrement des temps de pause et de recul pour réfléchir au sens de leurs actions,
• Qui font régulièrement preuve de discernement pour améliorer la façon dont ils servent leurs concitoyen-ne-s et dont ils les impliquent dans les choix collectifs décisifs,
• Qui pratiquent l’évaluation des politiques publiques avec les citoyen-ne-s.
3. Des médias
• Qui favorisent l’évaluation des discours et des pratiques politiques en interrogeant régulièrement les élus sur la cohérence entre les programmes des campagnes électorales et les réalisations post électorales,
• Qui privilégient la qualité démocratique à leur propre notoriété,
• Affranchis des proximités avec les équipes politiques en place,
• Qui participent à la mobilisation, à l’éducation, à l’information, à l’interactivité entre les citoyen-ne-s et les élus.
II. Construire une démarche citoyenne innovante, positive et partagée
Citoyen-ne-s de Martinique, pour nous réapproprier notre démocratie, un sursaut démocratique s’impose.
Ce réveil démocratique passe par une démarche directe rassemblant des citoyen-ne-s libres de toute logique carriériste, débarrassé-e-s de tout prêt-à-penser idéologique, animé-e-s par le désir de construction partagée du bien commun.
Afin de mobiliser nos énergies pour la construction d’un futur commun, nous proposons de conduire une réflexion partagée, de poser les fondations d’une démarche positive et d’en identifier les conditions de mise en œuvre.
Avec humilité et confiance, nous proposons de déterminer avec le plus grand nombre de citoyen-ne-s volontaires les buts et les modalités de la transformation que nous devons impulser pour réveiller, renouveler et assainir notre démocratie afin de construire et partager un monde où il fait bon vivre ensemble. Pour nous et les générations futures.
En bref, il s’agit d’écrire une vision dynamique et partagée de la Martinique en se fondant sur les intelligences multiples de Martinique, du Monde, sur nos besoins sociaux, sur nos richesses culturelles et naturelles.
Citoyen-ne-s de Martinique, quel que soit votre lieu de résidence, quelle que soit votre religion, quel que soit votre âge, quelle que soit votre statut, nous vous invitons à apporter votre pierre à l’édification et à la mise en œuvre d’une vision partagée, pacifique et positive de la Martinique pour faire de demain un monde meilleur pour le plus grand nombre.
III. Un rassemblement citoyen candidat à l’élection de la Collectivité Territoriale de Martinique
Nous, Citoyen-ne-s de Martinique, nous participerons à l’élection de la Collectivité Territoriale de Martinique avec comme objectif de permettre à des citoyen-ne-s de représenter d’autres citoyen-ne-s en diffusant à l’intérieur de la Collectivité Territoriale de Martinique et dans le champ politique martiniquais une nouvelle culture politique s’appuyant sur :
• la sollicitation systématique de la population pour la définition, la mise en œuvre, et l’évaluation d’une vision partagée des affaires publiques martiniquaises. La construction de cette vision sera un chantier permanent, mis en débat régulièrement, se nourrissant continuellement de la contribution de citoyen-ne-s volontaires.
• Une pratique altruiste des responsabilités politiques,
• la promotion d’un exercice transversal et partagé des responsabilités,
• l’information régulière et complète des citoyen-ne-s sur l’actualité et les enjeux de la Collectivité Territoriale de Martinique et des autres institutions politiques de Martinique,
• la formation civique des citoyen-ne-s.
Citoyen-ne-s de Martinique, nous vous invitons à participer nombreux à cette démarche qui contribuera à revitaliser notre démocratie atone.
Nous définirons ensemble les règles, les valeurs, les méthodes : priorité à l’intérêt général, bonne volonté, bonne foi, bon sens, créativité, empathie, bienveillance, écoute, respect, amour… Sans oublier, bien sûr, le courage, car il s’agit de remettre en question nos certitudes, nos habitudes, nos attitudes et de dépasser nos peurs. Il s’agit donc de nous remettre en cause.
IV. L’engagement politique en Martinique en 2015 : une voie complexe, difficile et salutaire.
Cette candidature à l’élection de la Collectivité Territoriale de Martinique n’est ni simple ni facile.
Sur un territoire, miné par les tensions sociales, où les écarts de richesse croissent de façon intolérable, gangréné par un chômage massif, où la précarité professionnelle s’accroît de façon exponentielle, dans un espace dominé par une culture politique de l’affrontement, de l’injure, de la domination, du machisme, de la peur, tout est dit et fait pour que les citoyen-ne-s cultivent leur dépendance aux élus (par des commandes, un salaire, une subvention, une intervention en haut lieu, …) et se désengagent des affaires publiques en se concentrant sur leur sphère privée.
Dans un contexte ou élus et électeurs sont rapidement engagés dans le jeu pervers et implicite de la démocratie transactionnelle (« je vote / tu me donnes – tu votes / je te donne ») et dans les relations clientélistes, la pertinence de l’engagement citoyen n’est pas évidente.
Dans une société productiviste et consumériste qui consacre le matériel et le règne de l’avoir sur l’être, qui privilégie la domination de l’individualisme privé et catégoriel sur la construction du bien commun, qui valorise l’immédiat sur le long terme, il est légitime de se demander ce que notre contribution de citoyen pourrait changer au cours des choses.
Et pourtant, comme l’écrit Vaclav HAVEL, « le citoyen doit agir pour dire la vérité à haute voix, la porter à la connaissance des autres et en exiger le respect. Prendre la parole a un sens, toujours par principe, en toute circonstance … l’important est d’agir selon sa conscience et de vaincre sa peur ».
En Martinique, comme dans d’autres démocraties, il est difficile de peser politiquement comme citoyen en dehors des partis mais aussi d’y militer si nous accordons de l’importance à la qualité de leur fonctionnement.
Cette difficulté ne doit pas nous faire renoncer, nous citoyen-ne-s, à notre capacité d’exercer un rôle de contre-pouvoir constructif afin de contribuer au bien et au mieux commun en favorisant l’adoption d’une nouvelle culture politique.
L’épanouissement de notre société ne viendra pas seulement de la mise en place de la Collectivité Territoriale de Martinique et des nouveaux catalogues de mesures que nous concoctent en petit comité les professionnels de la politique qui sont candidats à l’élection de décembre 2015.
Le bien vivre Martiniquais viendra surtout de notre capacité à faire émerger de la population des propositions afin qu’elle y adhère et qu’elle participe à leur mise en œuvre.
Alors, Citoyen-ne-s de Martinique, engageons-nous, ré-engageons-nous, impliquons-nous, ré-impliquons-nous pour (re) trouver notre pouvoir d’agir, pour rendre notre démocratie plus dialoguante, plus impliquante, plus responsabilisante.
Martinique, Le 19 avril 2015,
Nathalie JOS et Olivier Ernest JEAN-MARIE pour Martinique Citoyenne
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Nathalie JOS 06 96 35 62 62 – josnathalie@yahoo.fr
Olivier JEAN-MARIE 06 96 56 09 72 – contact@oejm.net